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Je Dr Etienne Jalenques a écrit un livre bourré de clés permettant de mieux se connaître, mieux comprendre le fonctionnement humain et les impasses que nous nous fabriquons nous-mêmes : la thérapie du bonheur. Ce fut un livre essentiel pour moi, qui aborde et explique des notions qu'on voit rarement ailleurs : un livre incontournable, même.
Je vais vous parler du chapitre "l'espoir ne fait pas vivre : il empêche de vivre !".
Car au final l'espoir prépare toutes les conditions de l'attentisme, de l'inaction, du "laisser faire en trouvant mille et une excuses".
Un message essentiel, que tout chrétien devrait lire d'ailleurs, car on entend sans cesse parmi eux le mot "espérance" (ce qui est à peu près la même chose que "espoir").
Le Dr Jalenques explicite : 'nous appelons le bonheur, nous attendons qu'il viennent frapper à notre porte, et ne saisissons aucune des opportunités qui se présentent à nous. Nous finissons même par être plein de rancœur à l'égard de cette "garce de vie" qui n'a pas répondu à nos attentes !"
L'attente. Voilà bien le noeud du problème. nous attendons d'être reconnu, aimé. Nous attendons même parfois de gagner au loto. L'espérance serait-elle ainsi une sorte "d'opium du peuple" ? Ce qui est certain c'est que c'est bien arrangeant : c'est une merveilleuse occasion d'esquiver sa responsabilité dans ce qui nous arrive.
Je me fais d'ailleurs cette réflexion : on retrouve la même chose en médecine : la responsabilité de ma maladie vient de l'extérieur, la faute à pas de chance, le microbe, le virus, etc... D'où l'importance du message et de l'enseignement d'un Olivier Soulier par exemple, qui replace le "soi même" au cœur de la vision du monde (ses stages sur l'embryologie) et le "je suis responsable" au cœur du recouvrement de sa santé.
Mais revenons au Dr Jalenques : attendre quelque chose ou quelqu'un c'est bien souvent s'irriter de son absence (15 mn passées sur un quai de gare paraissent toujours plus longues que 15 mn de lecture ou de travail.
Ainsi "attendre dans le vide", c'est rêver l'avenir sans mettre le présent à sa disposition.
Dès qu'on a un projet en tête, il faut s'en occuper et non vivre dans "l'espoir". C'est à cela que servent les coachs d'ailleurs. Ils vont aider à mettre de l'ordre dans l'action nécessaire pour arriver à l'exécution du projet. Ainsi l'être humain est avant tout un être d'action. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les sociétés que nous avons bâti sont de plus en plus élaborées et complexes. Mais cette complexité peut effrayer le jeune homme et la jeune fille des temps présents et la conduire à préférer s'évader dans le virtuel, par exemple dans le virtuel des jeux videos.
Le Dr Jalenques continue : si "je reste" au plan de l'espoir, je finis par confondre l'illusoire de l'imaginaire. L'imagination est créative, l'illusion est l'opium. On est prêt à endurer des douleurs incroyables qu'on arrive à supporter à cause de l'espoir. On n'essaie plus de remédier à son sort : demain y pourvoira. On se désintéresse du monde autour de soi, incapables d'en profiter puisqu'on a mis l'énergie dans la visée d'un paradis à venir. Comme d'autres la souffrance, on peut aussi érotiser l'attente et s'imaginer ainsi qu'on peut ne pas mourir.
Cette attitude est souvent héritée de l'enfance. N'étant pas encore autonome, l'enfant n'a pas toutes les données en main pour construire son bonheur. Cette attente forcée lui fait prendre une mauvaise habitude : il s'accroche à ce qu'il a mis en place pour survivre.
Quelle pagaille que cet espoir ! Nous croyons qu'il nous permet d'échapper à une réalité trop pénible, et nous ne voyons pas qu'il est en grande partie responsable de nos malheurs. Le proverbe dit que l'espoir fait vivre mais en réalité il nous tient : nous sommes prisonniers de nos rêves, fruits de notre esprit (notre mental). Or le mental est notre mauvais génie : il a besoin d'être guidé et attaché, sinon il nous promène à sa guise, de vagues espoirs en fausses illusions. On ne peut d'ailleurs pas lui reprocher puisque c'est sa nature d'explorer ainsi tout azimut. Il a besoin d'une tâche qui le ramène en permanence dans le présent.
Le regret. L'espoir a un frère jumeau, piège psychique peut être encore plus pernicieux : le regret. Au lieu de trouver refuge dans des lendemains radieux, certains d'entre nous restent bloqués dans le passé. Ou alors ils regrettent les moments heureux au lieu de se réjouir de les avoir vécus ou, pire, ils continuent de désirer quelque chose qu'ils n'ont pas eu. Les regrets on n'en sort pas.
Le Dr Jalenques finit sur le sentiment d'amertume en considérant "je crois qu'on a toujours intérêt à coller au réel plutôt que de vivre d'espoir ou de regret. On ne peut ainsi jamais tomber de bien haut, puisqu'on a jamais quitté terre.
Impossible de ne pas se rappeler de ce chapitre fondamental en vivant les pages sombres de terrorisme que Paris vient de vivre. Un terrorisme qui semble bel et bien lié aux politiques internationales de nos pays occidentaux. Des politiques qui nous semblent inaccessibles car soit-disant l'apanage des milieux diplomatiques, les milieux sociaux qui nous gouvernent. Ainsi nous laissons faire car nous nous sentons incapables d'infléchir ou d'agir sur elles.
D'où l'importance historique de l'action d'un Etienne Chouard par exemple, qui nous invite inlassablement à ré-écrire notre constitution, et par là-même à nous ré-approprier nos organes politique de décision. Sinon on peut rester longtemps dans l'espoir d'un monde meilleur, d'une diplomatie meilleure, qui sera "un jour" exempt de tout conflit d'intérêt, de tout appétit de pouvoir, de puissance, d'argent, que seul un système basé sur l'élection par tirage au sort pourrait résoudre. Le chemin est probablement long mais au moins il a débuté.